Fausse batterie pour Panasonic GX80

Depuis quelques mois, je possède un appareil photo Panasonic GX80. Il s’agit d’un bon petit compact expert à objectifs interchangeables au format micro 4/3.

Parmi ses nombreuses fonctions, il y a l’intervallomètre qui permet de faire des photos à intervalle de temps réguliers réglable pour faire des milliers de photos pendant des heures. Malheureusement, la batterie d’origine DMW-BLG10 ne permet de tenir que 300 à 400 photos. Pour résoudre ce problème, on peut acheter pour une vingtaine d’euros, une fausse batterie à brancher sur le secteur.

En dehors du prix de l’accessoire (pas complètement abusif, mais trop pour mon utilité), le défaut est de n’être utilisable qu’avec cet appareil. C’est aussi plus intéressant de le fabriquer soit-même.

Petit état des lieux avant de commencer:

  • il y a une petite trappe pour laisser passer un câble dans la trappe de la batterie;
  • la batterie est une Li-ion 7.4V et 1000mAh. La capacité importe peu ici, par contre la tension et la technologie sont intéressantes. Une cellule lithium-ion fournit normalement entre 3.2 et 4.2V suivant son état de charge et autour de 3.6~3.7V de tension nominal généralement. On en déduit que la batterie du GX80 possède 2 cellules (2x 3.7V = 7.4V );
  • la batterie a 4 connecteurs:
    • + et – aux fonctions évidentes et confirmés en lisant 8.3V au multimètre entre ces connecteurs;
    • T : probablement pour température. On mesure une résistance de ~10kohm.
    • D : pour data ???
    • un bref test avec un morceau de scotch pour isoler T et D montre que l’appareil photo démarre sans. oN va les ignorer.
  • l’étiquette de l’appareil photo indique une entrée d’alimentation de 8.4V continue. Étant donné que le seul câble qu’on peut y branché est de l’USB qui fournit 5V, c’est donc de l’alimentation de la batterie dont il s’agit. Et on retombe sur la tension de 2 cellules li-ion, mais à 100% de charge (2x 4.2V =8.4V).

C’est informations laissent deux possibilités. La première est de créer une fausse batterie qui permet de reporter simplement la batterie à l’extérieur avec par exemple une grosse batterie 2 cellules pour robot ou drone. La seconde possibilité est d’ajouter un petit circuit de conversion DC-DC pour alimenter l’appareil en 8.4V avec une autre source : USB (5V), alimentation de récupération 9 ou 12V, batterie au plomb (~12V), batterie li-ion 3 cellules…

Première étape, est assez facile : je modélise la batterie sur FreeCAD. Vu la forme simple, rien de bien compliqué. J’y creuse aussi l’emplacement pour un connecteur d’alimentation 5.5/2.1mm très courant sur les bloc secteur 9 ou 12V. Ce connecteur est légèrement décaler et avec un peu d’angle pour que la prise soit bien en face de la trappe. J’ajoute aussi la place pour les connecteurs côté appareil photo.

Le tout est fabriqué par impression 3D en PETG (en l’occurrence du ColorFabb HT). L’ABS peut aussi convenir mais le PLA est à éviter à cause de la lente déformation qu’il risque de subir à partir de ~40-45°C, facilement atteignable en été dans le boîtier).

Modèle 3D de la fausse batterie
Modèle 3D de la fausse batterie

Pour les bornes côté APN, j’ai choisi une méthode rustique : du fil de cuivre épais (du style de celui qu’on met dans les murs de maison), écrasé à la pince pour lui donné la bonne forme général et limé pour bien rentré dans les encoches. Je les ai aussi étamés pour mieux gérer l’oxydation.

Tel quel, on peut déjà l’utiliser pour connecter une batterie lithium-ion 2 cellules externes. Première victoire! (ou presque, voir plus bas pour l’histoire de la borne T).

Fausse batterie toute simple, en impression 3D

Comme j’ai aussi envie de le mettre sur secteur, j’ai cherché un petit module de conversion de tension continue et j’ai jeté mon dévolu sur ce minuscule module de chez Pololu: le S9V11MA. Il a tout ce qu’il faut:

  • on peut lui mette en entrée une tension supérieure ou inférieur à la sortie tant que c’est entre 3 et 16V (donc 5V ou 12V, ça passe);
  • réglable à la tension de sortie nécessaire de 8.4V;
  • 1.5A en courant de sortie devrait être bien suffisant
  • il est suffisamment petit pour être intégré;
  • plutôt bon marché (~10€ en France).

Remarque : Pololu précise en bas de page qu’il est conseillé de lui ajouté un condensateur d’au moins 33 μF prévu pour au moins 20V dans le cas d’une tension d’entrée de 9V ou plus, d’un long câble d’alimentation et/ou d’une alimentation à forte inductance. Le rôle de ce condensateur est de filtré les pic de tension au démarrage qui pourrait détruire le convertisseur.

Risquant d’être dans les 3 cas, j’ai besoin un tel condensateur, mais je n’en ai pas en stock. J’ai donc fouillé sur les vieille carte électronique prévue pour le recyclage et j’ai trouvé mon bonheur sur un circuit imprimé d’imprimante : 2 condensateur de 220 µF / 35V. Largement suffisant, sans être trop gros.

Deux condensateurs 220µF / 35V récupérer sur un circuit imprimé d’une vieille imprimante jet d’encre

J’assemble donc le tout à coup de fer à souder et de pistocolle et finit par régler la tension de sortie à 8.2V, soit un peu en dessous du maximum de l’appareil photo. Attention à faire soigneusement ce réglage au multimètre AVANT de mettre la batterie dans l’appareil !

Je glisse le tout dans mon GX80, branche un adaptateur secteur 9V et démarre l’appareil photo. Ca marche !… 10 seconde. L’appareil s’éteint avec un message du genre « Cette batterie ne peut pas être utilisée ». Je soupçonne les bornes T et/ou D d’être en cause.

Je reprend donc ma vraie batterie d’origine, remet un morceau de scotch sur T puis D:

  • sur T : même message avec extinction au bout d’une dizaine de secondes;
  • sur D : pas de message, même après plusieurs minutes de fonctionnement et plusieurs photos prises;

Conclusion : D est vraiment optionnel mais T est obligatoire. Mes premiers tests ont du être trop courts. Dans l’hypothèse très probable d’une sonde de température, il s’agit d’une sécurité contre la surchauffe (les batteries li-ion sont dangereuses sur cet aspect là). Normal que Panasonic vérifie cet élément.

Deux solutions, la plus « sale », mettre une simple résistance de 10kohm entre les bornes T et (-). La plus propre, trouver la bonne thermistance à souder entre ces borne (puisque ça à l’air d’être juste ça). En fouillant dans mes composants, le seul truc que j’ai trouvé qui pourrait convenir est une thermistance CTN 10k. Pour vérifier, je compare au multimètre la batterie entre T et (-) et mon composant à différentes températures (la batterie ayant beaucoup d’inertie, il faut bien attendre que ça se stabilise). Coup de chance, ça correspond !

Je rajoute donc cette thermistance CTN 10k dans mon montage (petit composant rouge-oranger entre les fils noir et jaune. Et voilà, c’est terminé !

Les fichiers à télécharger: